Quel était l’objectif de cette action de prévention ?
Joseph Tiburce : Cette action avait pour objectif de sensibiliser les agents aux problématiques des accidents et des maladies de l’appareil locomoteur liés aux risques physiques au travail (méthode PAMAL). J’ai accompagné sur six semaines, d'octobre à décembre 2018, un groupe de 15 agents composé de 10 agents du service paysager et 5 agents du service Brigade de l’environnement.
Quelle démarche avez-vous adoptée ?
J.T. : Ma démarche a consisté, dans un premier temps, à m’entretenir individuellement avec chacun des agents afin de poser un bilan diagnostic de leur état physique. Dans un second temps, cela m’a permis de leur apporter quelques conseils d’exercices spécifiques liés à leur tâche. Ces exercices leur permettent de soulager les différents types de douleurs évoquées (cervicales, lombaires, épaules, genoux…), toutes répertoriées au sein d’un livret personnel remis à chacun d’entre eux à l’issue de l’entretien.
Par la suite, il m’a fallu identifier avec eux, et c’est en cela que ma contribution de professionnel kinésithérapeute s’est avérée intéressante, les comportements et postures à risques associées à leurs fonctions. Je me suis donc rendu sur leur lieu de travail pour observer leurs pratiques. Il s’en est suivi une phase de restitution, en groupe, de l’ensemble des situations problématiques identifiées.
Quel a été votre apport de préventeur ?
J.T. : Voilà des ouvriers que je croise tous les matins aux abords des routes, et certains lors de mes marches pédestres sur les divers sites touristiques de l’île. Comme pour mes précédentes formations, l’occasion m’a été donnée de les observer au plus près dans leur activité professionnelle. Chacune d’entre elles a été examinée en équipe à la lumière de mon regard de préventeur. Le but était de concilier efficacité et rendement d’une part, confort et sécurité d’autre part.
A titre d’illustration, l’évacuation de déchets dans des hottes à vendanges portées au dos, plutôt que dans des sacs poubelles standards portés à la main, réduit considérablement le risque de lombalgies et sécurise l’agent en cas de chute puisqu’il garde les deux mains libres. De même, une pince à manche ajustable à la taille de l’agent permet d’éviter une trop grande sollicitation du dos, en adaptant la longueur du bras à la configuration de l’environnement.
Cette action a permis aux agents paysagers et aux brigadiers de l’environnement d’être acteur de l’amélioration de leurs conditions de travail.
Un dernier exemple ?
J.T. : La plus discutée et la plus enrichissante pour les deux parties (agent et préventeur), l’utilisation de la débroussailleuse pour laquelle j’ai observé plusieurs méthodes sur le terrain. Après échange, nous avons validé la solution autour de laquelle il y a eu un large consensus car répondant à toutes les difficultés rencontrées lors de son utilisation sur les diverses configurations de terrain.
Autant de solutions ergonomiques visant à améliorer le quotidien de ses agents et leur bien-être au travail ! A l’issue de la formation, nous avons dressé une fiche d’amélioration des situations à risques (FASR), fiche globale de l’ensemble des situations examinées et solutionnées, et remise au service prévention de l’Espace Sud pour le suivi.
Quels bénéfices les agents retirent-ils de cette action ?
J.T. : Cette action a permis aux agents paysagers et aux brigadiers de l’environnement d’être acteur de l’amélioration de leurs conditions de travail, à l'instar d'autres professionnels ayant bénéficié d'une telle expertise (soignants, ouvriers agricoles et personnel administratif). Il s’agit là d’une expérience très enrichissante à plusieurs niveaux, aussi bien pour moi en tant que préventeur, que pour les agents de l’Espace Sud Martinique, dans la mise en commun de nos expertises réciproques.
Cette première action de partenariat MNT-KFP aux Antilles au sein d'une collectivité d'agglomération devrait, à mon avis, trouver écho dans les autres collectivités de la région. Il serait intéressant de faire bénéficier l'ensemble des agents, et des professionnels en général, de la même qualité de prestation, pour un mieux-être au travail nécessaire pour diminuer l'absentéisme consécutif à la fatigue physique. C'est le point commun qui ressort en priorité dans le bilan individuel de début de formation. Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié la participation active de toute l'équipe de prévention sous la direction de Madame Mylène Glondu.
En savoir plus : La méthode PAMAL : une première à Sainte-Luce
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Article publié le 11/02/2019