On les appelle "proches aidants". Ils accomplissent dans l’ombre un travail considérable et insuffisamment reconnu, lourd de conséquence sur leur vie personnelle, sociale, familiale et professionnelle. Les proches aidants de personnes en situation de dépendance sont au nombre de 11 millions en France. Le phénomène est donc massif. Il est aussi en expansion : un actif sur quatre sera proche aidant en 2030 selon l’Insee (contre 15 % actuellement). Le 13 octobre dernier, un webinaire co-organisé par la Mutuelle Nationale Territoriale (MNT) et La Gazette des communes a braqué les projecteurs sur la situation des agents territoriaux en situation de proche aidant. Et sur les leviers pouvant être actionnés par leurs employeurs pour les accompagner.
Proche aidant : une tâche parfois lourde
Animée par la journaliste Sabine Germain, la table-ronde a rassemblé plusieurs intervenants spécialisés. Parmi eux, Inel Annette, vice-président de la MNT, pour un éclairage sur la réalité statistique du phénomène. « Aider un proche au quotidien est une tâche qui peut s’avérer écrasante. Les aidants consacrent en moyenne près de 9 heures par semaine à leur proche aidé, révèle l’élu mutualiste. L’âge moyen d’entrée dans l’aidance est bas : 39 ans. 62 % des personnes concernées sont donc en activité professionnelle, ce qui surcharge leur quotidien. Pourtant, 69 % n’ont jamais parlé de cette deuxième vie à leur employeur. Une pudeur étonnante, lorsqu’on sait que 4 aidants sur 10 ont déjà renoncé à une opportunité professionnelle en raison même de leur engagement. »
Le Grand Lyon : une politique globale plutôt que des actions en silo
Sur le terrain, Frédérique von Plauen, responsable du service Action et innovation sociale, service social du personnel au sein de la direction RSEP à la métropole de Lyon, constate que beaucoup d’agents concernés ne se reconnaissent tout simplement pas comme aidants. « Le simple fait de mettre un mot sur leur situation et de leur expliquer qu’il existe des dispositifs pour les aider et les accompagner les soulage déjà beaucoup », explique-t-elle. Avec 9 200 agents – dont environ un millier en situation de proches aidants - la métropole de Lyon a souhaité mettre en place une politique d’accompagnement globale, à l’opposé des actions en silo parfois prédominantes dans les stratégies RH.
Le don de congés entre collègues est ainsi envisagé comme une opportunité de repérer les difficultés liées aux situations d’aidance. Et d’enclencher un accompagnement global mis en œuvre par une équipe de sept assistantes sociales dédiées, « une vraie valeur ajoutée, qui permet une reconnaissance du statut d’aidant, un lien étroit avec les managers et une prévention efficace de la désinsertion professionnelle ». Outre le don de congés, qui répond au besoin de temps et aux situations d’épuisement physique, le Grand Lyon orchestre une batterie de dispositifs d’écoute, d’information et d’aide : CESU "aidants" avec une participation de l’employeur à hauteur de 75 %, congés spécifiques, prestation "enfant porteur de handicap", maisons de répit, groupes de parole, cafés thématiques...
La MNT : des services sur mesure
Plus en amont, les groupes mutualistes ne sont pas en reste. En dehors même des prestations qu’elle verse au titre de la prévoyance, la MNT dédie ainsi aux aidants une batterie de services simples et concrets pour apporter sa pierre à l’édifice. La plateforme Proche des aidants du Groupe VYV, dont la MNT fait partie, oriente ses adhérents vers des solutions en réponse à la spécificité de leurs besoins - démarches administratives, vie quotidienne, aménagement du domicile, aides financières, conciliation du rôle de l’aidant avec sa vie professionnelle ou familiale...
« Concrètement, détaille Inel Annette, le service d’assistance de la MNT dispose d’une batterie de solutions sur mesure pour orienter et soulager les aidants. Tout démarre par un bilan de chaque situation individuelle. Ensuite, une équipe pluridisciplinaire entre en action pour un accompagnement téléphonique dédié, une orientation vers les solutions grand public existantes, un soutien moral personnalisé par un psychologue, une aide aux démarches administratives ou encore des appels de convivialité : une formule testée et validée durant les confinements. »
Concrètement, le service d’assistance de la MNT dispose d’une batterie de solutions sur mesure pour orienter et soulager les aidants. Tout démarre par un bilan de chaque situation individuelle. Ensuite, une équipe pluridisciplinaire entre en action pour un accompagnement téléphonique dédié, une orientation vers les solutions grand public existantes, un soutien moral personnalisé par un psychologue, une aide aux démarches administratives ou encore des appels de convivialité : une formule testée et validée durant les confinements."
Le Groupe VYV : accompagner les collectivités employeuses
A l’échelle du Groupe VYV, cette démarche en direction des aidants a été baptisée "Moment de vie". L’idée ? Favoriser l’assemblage de solutions pour construire des parcours d’accompagnement individualisés de bout en bout : détection de situations d’aidance, sensibilisation et formation des aidants, diagnostic de situations individuelles, accompagnement psycho-social. « Nous collaborons avec les DRH des collectivités territoriales et prenons en charge, à leur demande, tout ou partie de l’accompagnement psycho-social proposé aux agents aidants », indique Marjorie de Jaeghere, directrice du projet Moment de vie à la direction stratégique du Groupe VYV. Via la plateforme Proche des aidants, le dispositif Moment de vie propose des solutions disponibles localement, en partenariat avec un grand nombre de partenaires de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Aider ceux qui aident : être utile est un beau métier !
Aidance : un enjeu majeur de santé publique
La situation de proche aidant a des impacts multiples sur la santé des personnes concernées. Elle peut même générer des pathologies spécifiques.
- 70 % des aidants ne s’octroient plus de temps pour leurs loisirs.
- 63 % d’entre eux se plaignent de douleurs physiques.
- 61 % font état de problèmes de sommeil en lien avec leur rôle d’aidant.
- 48 % ont développé une maladie chronique depuis qu’ils ont pris la responsabilité de proche aidant.
- 59 % disent se sentir seuls.
- 25 % ressentent de la fatigue physique et morale.
- 29 % se déclarent stressés par leur position d’aidant.
Source : Enquête Handicap Santé Aidants – DREES - 2008
© Getty Images et Antoine Repessé
Article publié le 19/10/2021