Absentéisme territorial : à la racine du mal

Alors que l’absentéisme atteint des niveaux inédits dans la fonction publique territoriale (FPT), quels sont les facteurs qui favorisent la progression des arrêts liés aux problèmes de santé des agents ou à leur démotivation ? Dans son cahier n°29, Absences au travail, des repères pour agir dans les services publics locaux, basé sur des statistiques et des points de vue d’acteurs publics et de spécialistes de la santé au travail, l’Observatoire MNT montre en premier lieu que l’absentéisme territorial s’est stabilisé à son plus haut niveau en 2021 (9,6 %) après avoir progressé de façon continue depuis le début des années 2000. Au-delà de ce taux, l’étude analyse le niveau des absences en fonction des caractéristiques des collectivités ou du profil des agents. En effet, la taille et la typologie de la structure territoriale, l’âge ou le genre des agents, ou encore la catégorie, la filière et la nature de l’emploi constituent « autant de facteurs qui peuvent se cumuler et se renforcer pour favoriser les absences et les arrêts de travail ».

S’appuyant sur des données récentes de l’Association des DRH de grandes collectivités, l’Observatoire MNT relève, par exemple, que le niveau de l’absentéisme est maximal (12,3 %) dans les centres communaux d’action sociale (CCAS) et qu’il est orienté à la hausse dans les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) et les communes. Autre constat : une baisse notable de la fréquence des absences et une diminution modérée du taux d’exposition sont observées dans tous les types de collectivités, à l’exception des CCAS.

L’âge et la pénibilité des métiers, facteurs clés des absences

Il apparait également que les arrêts sont plus nombreux et plus fréquents dans les plus grandes structures. En outre, la progression de ces deux indicateurs est étroitement corrélée au nombre d’agents employés par la collectivité. Par ailleurs, les arrêts s’avèrent plus longs dans les plus petites organisations territoriales. Les communes employant un à deux agents ont, ainsi, enregistré en moyenne 67 jours d’arrêt en 2019 contre 36 jours pour celles dont l’effectif est compris entre 200 à 499 agents et 39 jours dans les villes qui comptent 500 agents et plus.

Le cahier n° 29 souligne aussi que si une analyse par région géographique est peu déterminante, un focus sur les catégories d’agglomération permet, en revanche, de pointer des différences notables selon le degré d’urbanisation et la densité de la population. Dans les zones les moins peuplées, la distance entre le domicile et le lieu de travail apparait notamment comme un facteur favorisant l’absentéisme. Mais, c’est surtout le profil des agents qui semble constituer la clé la plus significative des absences au travail. Alors que l’âge moyen des personnels territoriaux frôle les 48 ans, les courbes de durée des arrêts et de la gravité des motifs suivent la même progression que le vieillissement des effectifs. Les agents âgés de 55 à 59 ans représentaient 25,4 % des absences de plus de 90 jours et 32,9 % de celles de plus de 200 jours en 2020.

Le poids des années Covid

La filière d’emploi et la pénibilité des métiers pèsent indéniablement sur l’absentéisme. À l’exception de la filière sportive, toutes les filières enregistrent une progression du taux d’absences au travail. En 2020, les plus hauts niveaux ont été observés dans les métiers des filières sociales, médico-sociales, techniques et de l’animation (avec des taux respectifs de 9,3 %, 9,3 % et 8,6 % ). L’étude met également en évidence les différences entre les catégories d’emploi des agents : l’absentéisme est deux fois plus élevé chez les personnels de catégorie C (10,4 %) que parmi ceux de catégories A ou B (respectivement 4,6 % et 5,2 %).

À noter que 41 % des acteurs de collectivités interrogés dans le cadre du Panorama estiment que la crise sanitaire liée au Covid 19 a eu un impact sur le taux d’absentéisme. De plus, les données collectées par Sofaxis en 2020 démontrent que les agents ont été plus nombreux à s’arrêter pour maladie ordinaire, avec des durées d’arrêt plus longues qu’en 2019. « Sous l’effet des confinements, des restrictions d’activité et du développement du télétravail, les accidents du travail ont été moins fréquents, marquant une sorte de pause sur une trajectoire ascendante », indique l’Observatoire MNT.

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Article publié le 24/10/2023

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