En 2017, la ville de Chelles (77) se voit décerner l’éloge du jury aux Prix santé et mieux-être au travail (PSMT) : une récompense pour sa démarche de prévention contre les troubles physiques et les atteintes psychiques auprès des ATSEM. Créés en 2011, les PSMT ont pour objectif de valoriser les initiatives et les innovations des collectivités en matière de prévention et de protection sociale des agents territoriaux, de partager et diffuser largement les bonnes pratiques. Ils participent ainsi à la diffusion d’une culture de la prévention sur le territoire. Les lauréats bénéficient d’un accompagnement par la MNT, avec ses partenaires experts tel KFP (Kiné France Prévention), dans la co-construction d'un projet en santé au travail pour poursuivre leurs démarches de prévention.
Une dynamique de prévention confortée par les PSMT
En 2017, la ville de Chelles n’en est pas à sa première action. « Nous avions effectué un gros travail sur les risques psychosociaux puis testé la formation PAMAL sur les troubles musculo-squelettiques (TMS) auprès des services techniques. Nous étions sur un élan », raconte Marie Noël, DRH. Dans cette collectivité, comme dans tant d’autres, la lutte contre l’absentéisme est un enjeu. Cette reconnaissance par les PSMT en 2017 permet à la ville de continuer sur sa lancée et de proposer ainsi une formation PAMAL (Prévention des accidents et maladies de l’appareil locomoteur), marque déposée par KFP, aux agents administratifs. « Grâce à la MNT, nous avons pu valoriser notre action, explique Marie Noël, et aller encore plus loin en nous engageant dans de nouvelles démarches malgré un budget restreint. » C’est la première fois qu’une telle action est menée en Île-de-France, en partenariat avec la MNT, et sur cette catégorie d’agents, pourtant fortement exposée aux TMS. « La restitution de la formation PAMAL aux services techniques de la ville nous a donné envie de l’étendre à d’autres publics », explique Mathieu Faraut, kinésithérapeute chez KFP. « Le personnel administratif est un public sédentaire et les risques de TMS au niveau cervical ou lombaire sont conséquents. »
La demande est forte : à la réunion d’information sur la démarche PAMAL, en mai 2019, une quarantaine d’agents répondent présents et 33 d’entre eux se portent candidats. « Nous avons dû faire un tirage au sort », rapporte Marie Noël qui précise que le public vient de services divers : finances, urbanisme, juridique, commande publique, accueil, gestion, logement, social… Cette variété de profils donne lieu à des débats constructifs et est fortement appréciée. Elle permet également au kinésithérapeute de travailler sur des environnements variés : « Les agents d’accueil, par exemple, ont leur ordinateur caché sous le comptoir, ce qui est très particulier », remarque Mathieu Faraut.
PAMAL : une approche individuelle et collective
Le premier groupe constitué de 12 personnes bénéficie de la formation au deuxième semestre 2019, entre septembre et octobre. La première phase est basée sur des bilans individuels menés en septembre avec visite de chaque poste pour adapter la formation en fonction. Certaines situations sont prises en photos, un matériel précieux pour faire réagir les agents lors des sessions collectives de formation qui ont lieu dans la foulée. Entre les sessions, Mathieu Faraut retourne sur les postes de travail pour évaluer ce qui a déjà été mis en application. Une troisième session clôture la formation. Quelques situations sont pointées pour proposer des adaptations ou des modifications d’installation, des gestes, des étirements… « Nous validons ensemble cet état des lieux et nous proposons des solutions qui font consensus au sein du groupe », explique le kinésithérapeute.
Enfin, la réunion de restitution avec le CHSCT, en février 2020, est un moment essentiel de la formation. C’est l’heure du bilan. Pour Mathieu Faraut, c’est aussi « le fruit de la réflexion du groupe dans son intégralité. Nous y proposons des fiches d’amélioration, des perspectives pour la suite ». De nombreux agents modifient leur installation de travail et appliquent les étirements et les mouvements recommandés. Certains se lancent dans la pratique d’une activité physique extra-professionnelle. Beaucoup sont demandeurs d’une piqûre de rappel dans les deux ans à venir. Un bilan jugé très positif par la DRH de Chelles qui regrette cependant que la crise sanitaire ait bloqué la collectivité dans son élan et ne permet pas, en ce moment, d’étendre à d’autres publics une formation aussi poussée que PAMAL. « Nous devons actuellement nous concentrer sur l’accompagnement social et la protection face au virus. » Ceci dit, les enseignements issus de la formation PAMAL se sont avérés bien précieux lorsque la plupart des agents administratifs formés se sont retrouvés en télétravail durant le confinement.
Légende photos : séance pratique de mouvements PAMAL à Chelles (77) avec KFP.
© Getty Images_Mixotto ; Mathieu Faraut
Article publié le 12/02/2021