Opération PAMAL à Tarbes : une initiative ambitieuse et novatrice

Nous savons très bien que dans les TMS, au-delà même des sollicitations physiques, il existe une composante organisation-RPS-stress. J’avais conscience que la qualité de la relation entre les ATSEM et les enseignants avait un impact fort. Il fallait apporter une vision globale sur ce qui génère des TMS et créer des espaces d’échange entre les deux métiers.

Docteur Roig, Médecin du travail de l'Association de santé et de médecine du travail dans les Hautes-Pyrénées (ASMT 65)

Comment cette idée de faire une formation pour deux publics en même temps vous est-elle venue, et quel en a été l’élément déclencheur ?

  • Dr Virginie Roig : Lors du Salon Preventica 2018 à Bordeaux, j’ai rencontré Christian Meignan. Nous avons parlé des TMS (troubles musculo-squelettiques) chez les ATSEM(1), qui y sont fortement exposées. Sur les dernières années, les indicateurs de santé se sont dégradés. Par ailleurs, la responsable prévention de la mairie de Tarbes avait connaissance d’une action avec la MGEN sur la région Occitanie, destinée aux enseignants. Nous avons eu ainsi l’idée de mener une action conjointe interprofessionnelle, auprès des ATSEM et des enseignants en même temps, et en collaboration avec les deux mutuelles, la MNT et la MGEN.
  • Christian Meignan : Nous partions du même constat : il fallait traiter cette question des TMS en y associant les deux métiers, ATSEM et enseignants. Nous avions la chance de travailler avec la MNT et la MGEN, mais séparément. Et, à chaque fois que nous intervenions auprès de l’un des deux publics, cela renforçait notre conviction que nous ne pouvions pas traiter le sujet efficacement en les séparant, alors qu’ils travaillaient dans une même bulle, la classe de maternelle. Les deux métiers sont intimement liés, mais tout les sépare a priori, avec des statuts et des employeurs différents. Le Dr Roig et KFP étaient le seul petit fil ténu qui les réunissait ! Quand on leur a parlé de notre projet, les deux mutuelles s’y sont rapidement engagées avec enthousiasme.

Quelles étaient vos attentes ?

  • Dr VR : Nous savons très bien que dans les TMS, au-delà même des sollicitations physiques, il existe une composante organisation-RPS-stress. J’avais conscience que la qualité de la relation entre les ATSEM et les enseignants avait un impact fort. Il fallait apporter une vision globale sur ce qui génère des TMS et créer des espaces d’échange entre les deux métiers.
  • CM : Il faut réduire toutes les conséquences des TMS - l’absentéisme, la souffrance, les conséquences financières… - et améliorer le service rendu. Nous savons que lorsqu’on agit sur les conditions de travail, le taux d’absentéisme baisse et le vécu des salariés est meilleur, dans un premier temps. Puis, un ou deux ans plus tard, on observe une amélioration de la qualité de la prestation. Dans ce cas précis, chaque famille est en attente de ce service pour ses enfants.

Pourquoi avez-vous décidé de monter ce projet ensemble et d’en être tous deux copilotes ?

  • Dr VR : Nous étions sur la même longueur d’ondes. Christian Meignan m’a beaucoup aidée pour travailler avec autant de partenaires. De mon côté, j’avais un accès facile à la mairie, aux DGS et aux CHSCT. Christian Meignan, lui, est intervenu au niveau national pour identifier les acteurs régionaux, avec la MNT, la MGEN et l’Éducation nationale.
  • CM : Nous étions six partenaires. Il était important que les deux copilotes aient la compétence pour être plus efficaces. D’autant que nous pouvions compter sur deux mutuelles qui ont une bonne compréhension l’une des collectivités, l’autre de l’enseignement, et sur deux ressources formidables, Madame Reynaud, responsable des ATSEM du service Education, et Madame Combot, conseillère en prévention de la ville de Tarbes.

Au final, quel est votre bilan ?

CM : Si cette action est un succès, c’est que nous avons prouvé que nous pouvions faire travailler ensemble différents services. Les deux mutuelles ont parfaitement bien collaboré. Des deux côtés, nous avons bénéficié d’une belle participation, tout autant de la part des ATSEM que des enseignants. Si la première campagne a été interrompue en raison de la Covid-19, nous avons eu un super retour. Toute cette première phase nous a fortement éclairés sur ce que nous ne savions pas : nous avons pu récolter beaucoup de données sur les TMS, surtout en ce qui concerne les enseignants, pour lesquels nous n’avions pas grand-chose. Le diagnostic a été d’une richesse incroyable ! Du côté des ATSEM, nous allons pouvoir mesurer l’impact de cette action et avoir ainsi les preuves de son efficacité. Pour les enseignants, l’opération s’est interrompue trop tôt, en raison du confinement. Il nous manquera, malheureusement, l’amélioration des conditions et de l’organisation de travail, car nous n’avons pas pu animer de réunions collectives entre les ATSEM et les enseignants. Quoi qu’il en soit, l’opération menée à Tarbes est d’ores et déjà un modèle, qui pourra être reproduit ailleurs, dans d’autres classes, ou même d’autres métiers.

© Getty Images - BraunS et Ville de Tarbes

Article publié le 15/02/2021

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