Méthode PAMAL à Tarbes : six partenaires, deux employeurs différents… et un même objectif !

Une vingtaine de classes de petite section d’écoles maternelles de la ville, 42 participants, 20 binômes enseignants/ATSEM (1)… L’opération était d’envergure à Tarbes ! Entre novembre 2019 et mars 2020, elle a réuni pas moins de six partenaires. Un projet pilote pionnier : une action PAMAL qui a réuni tous les acteurs - les mutuelles MNT et MGEN, KFP, la médecine du travail, la collectivité de Tarbes, l’Education nationale et, enfin, deux professions complémentaires mais qui n’ont ni le même employeur, ni le même statut, les enseignants et les ATSEM.

TMS : une action commune pour les ATSEM et les enseignants

L’idée a germé lors du salon Preventica, en octobre 2018 à Bordeaux, au cours d’une discussion entre Christian Meignan, vice-président de KFP (Kiné France Prévention), et le docteur Roig, médecin du travail de l’ASMT 65 (Association de santé et de médecine au travail du département des Hautes-Pyrénées). KFP collabore activement avec la MNT et la MGEN mais sur des projets différents, avec, pourtant, le même objectif : réduire les TMS (troubles musculo-squelettiques), du même coup faire baisser l’absentéisme, et par conséquent améliorer la qualité d’un service essentiel aux citoyens, l’éducation de la petite enfance. Et un même constat : « L’apparition de TMS sur les ATSEM augmentait malgré le fait que nous avions mené plusieurs actions de prévention », expliquent Cécile Reynaud, responsable des ATSEM du service Éducation, et Catherine Combot, conseillère en prévention de la ville de Tarbes. Pourquoi ne pas mettre alors les efforts en commun pour mener une action conjointe qui réunissent les deux métiers ?

Six partenaires : ville, Education nationale, médecine du travail, KFP, MGEN, MNT

Tous les voyants étaient au vert : la MNT et la MGEN qui font partie du même groupe, VYV, deux mutuelles qui collaborent au quotidien l’une avec les collectivités, l’autre avec l’Education nationale, et un partenaire commun, KFP, qui agit aussi bien auprès des enseignants que des ATSEM. « Après avoir initié un projet sur la prévention des TMS chez les professeurs des écoles de maternelle, nous avons réalisé un partenariat avec la MGEN qui nous a mis en relation avec KFP, avec qui nous n’avions encore jamais travaillé », raconte Gisèle Barrau, inspectrice santé et sécurité au travail du rectorat de Toulouse.

Pour une opération de cette ampleur, jamais conduite auparavant, il était essentiel d’anticiper tous les points d’obstacle. « Ce n’était pas simple à organiser, entre les temps d’école, des remplaçants à trouver… », rapporte Gisèle Barrau. Le pilotage s’est fait à deux niveaux : au national avec la MNT, la MGEN et KFP ; et en local, avec toutes les parties-prenantes – l’Éducation nationale, académie et département, la ville de Tarbes, les services à l’enfance, celui de la santé au travail, et les kinésithérapeutes de KFP. Tous ont collaboré pour planifier, définir le contour du projet et le mettre en œuvre.

PAMAL à Tarbes : un programme ambitieux, un diagnostic précieux

Dès septembre 2019, un questionnaire médical anonyme est envoyé par KFP aux ATSEM et aux enseignants. Avec 73 réponses entre le 13 septembre et 1er décembre, recueillies par le corps médical, il permet d’établir un premier diagnostic et sert ensuite de support pour les bilans individuels. Dès novembre, les observations dans les écoles commencent, menées par le service de santé au travail ASMT. Elles s’effectuent dans chaque classe pour examiner les manières de travailler, le mobilier, les postures, l’organisation… et immortaliser cela sur des supports vidéo ou photo qui servent ensuite de point d’appui aux discussions visant l’amélioration des pratiques. Puis, viennent les entretiens individuels. Les participants rencontrent alors pendant une demi-heure les kinésithérapeutes. Un premier bilan dresse l’état des lieux, partagé avec tous les acteurs. Un deuxième a lieu en juillet 2020. Malgré la période du confinement qui a perturbé le déroulé de l’opération, il permet de faire le point sur les retours d’expérience et les recommandations qui en découlent. Seule une étape manque à l’appel : la restitution, qui rassemble tous les partenaires et les participants. Reste que l’opération est une réussite, de l’avis de tous.

« Au quotidien, la communication a été fluide entre les équipes et les binômes ont bien fonctionné, se réjouissent Cécile Reynaud et Catherine Combot, de la ville de Tarbes. Les ATSEM, comme les enseignantes, se sont senties valorisées dans leur métier et ont apprécié d’être prises en compte comme individu. D’autant que la collectivité a joué le jeu, en achetant notamment 70 tabourets à roulette ergonomiques. » Elles espèrent pouvoir mener de nouvelles actions avec l’Éducation nationale, l’opération ayant « montré que c’était possible et qu’elle avait été très enrichissante pour tous ». Du côté du rectorat, Gisèle Barrau confirme : « C’est une initiative novatrice que nous envisageons de dupliquer ailleurs, sur d’autres départements ». Elle a permis notamment de recueillir des données fiables pour agir plus efficacement en capitalisant sur cette action.

La performance de cette belle dynamique collective montre encore que la question des TMS mérite d’être abordée de manière globale, en associant plus largement encore le collectif à l’individuel, et les acteurs de terrain, au cœur de la réflexion pour l’amélioration de leurs propres conditions de travail. Le principe-même de la méthode PAMAL.

(1) ATSEM : agent territorial spécialisé des écoles maternelles.

Lire l'interview croisée du Dr Roig, ASMT 65, et de Christian Meignan, KFP : Opération PAMAL à Tarbes : une initiative ambitieuse et novatrice.

© Getty images-Miodrag Gajic & KFP

Article publié le 21/09/2020

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