C’est l’un des enseignements les plus marquants du baromètre Gazette-MNT 2017 : seulement un tiers des agents territoriaux estime pouvoir s’appuyer sur des pratiques managériales efficaces pour accomplir sereinement leurs tâches quotidiennes. Le manager est même fréquemment désigné comme le responsable direct des mauvaises conditions de travail au sein des collectivités. Une perception qui confirme en creux la place centrale occupée par l’encadrant dans la problématique de santé et bien-être au travail.
Le manager : un acteur de terrain incontournable
Par sa position cardinale entre directions et personnels en charge de l’action publique, le manager de proximité détient, en effet, de nombreuses clés pour faire bouger les lignes en matière de qualité de vie au travail. Mieux que quiconque dans la chaîne du management, il est en capacité d’observer, de comprendre et d’agir pour faire évoluer les situations générant des troubles physiques ou psychologiques chez les agents. C’est donc autour de cet incontournable acteur de terrain que les collectivités doivent bâtir leur projet de santé au travail.
Les employeurs doivent insuffler une nouvelle culture managériale et faire de la santé et du bien-être le levier essentiel de la motivation et de la reconnaissance des personnels. Cela suppose de faire évoluer le rôle du manager qui devra dépasser sa fonction de gestionnaire pour replacer l’individu au cœur de son action. Une révolution culturelle que doit a minima accompagner la direction des ressources humaines dont les compétences internes devront être renforcées pour aborder la santé au travail dans toute sa globalité.
Garges-les-Gonesse : les managers montent en compétence
À l'occasion de son mandat 2014-2020, le maire de Garges-les-Gonesse (Val d'Oise) décide de faire de la qualité de vie au travail des 850 agents territoriaux une priorité et fixe en ce sens la feuille de mission du nouveau directeur général des services (DGS). "Nous n'avions pas de solution miracle mais nous étions prêts à expérimenter beaucoup d'actions", confie le directeur général des services Guilhem Pellet. Un questionnaire circule donc auprès des agents en 2015 (taux de retour de 34 %), qui servira de base au plan d'actions défini en juin 2016.
"Nous avons privilégié quatre axes : le renforcement des compétences managériales et l'accompagnement des agents, l'amélioration de l'environnement de travail, la communication entre les services et les évolutions personnelles et professionnelles, affirme le DGS de Garges-les-Gonesse. Beaucoup de managers avaient été promus plus pour leurs compétences techniques que managériales. Nous avons mis sur pied une formation aux principes de management pour nos 150 cadres dans le cadre du plan d'actions. Nous ferons un premier bilan fin 2018 mais nous avons déjà des retours très positifs des cadres."
La ville de Garges-les-Gonesse a également mis en place une charte du management, l'expérimentation de l'évaluation à 360 degrés et des expériences d'échanges de postes entre directeurs pour renforcer la ligne managériale.
"Apprendre à manager le travail"
Dans son livre blanc, Apprendre à manager le travail, l'ANACT (agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail) constate que la formation des encadrants est insuffisante, tant dans le secteur public que privé, en matière de santé et de qualité de vie au travail. L'enjeu d'amélioration se situe tant au niveau de la formation initiale que continue. Selon l'ANACT, bon nombre de collectivités n'ont pas mis en place de module spécifique de formation pour les managers, encore moins en matière de santé au travail.
Apprendre à manager le travail, livre blanc des initiatives en formation initiale et continue, ANACT, septembre 2017.
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Article publié le 22/10/2018