Le contexte : le développement des maladies chroniques
En 2025, 1 travailleur sur 4 serait touché par une maladie chronique (cancer, diabète, problèmes respiratoires…), contre seulement 15 % de la population active en 2019*. En France, 10,7 millions de personnes sont ainsi concernées par le dispositif des affections longue durée (ALD). Le vieillissement de la population, le recul de l’âge de départ à la retraite, les progrès de la médecine et le dépistage préventif expliqueraient en partie la place croissante des maladies chroniques dans notre société. « La maladie chronique s’invite dans les entreprises, les institutions et les collectivités publiques. Elles doivent composer avec et s’adapter », explique Isabelle Arnaud-Roy, directrice générale adjointe de l’Établissement public du Capitole.
* Selon l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) et le Conseil économique social et environnemental (CESE).

Légende photo : à gauche, Françoise Descamps Crosnier, présidente du Comité national des fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), et à droite, Pascale Levet, déléguée générale du Nouvel Institut.
Les objectifs de l’événement : sensibiliser et combattre les idées reçues
L’événement organisé le 4 février 2025 par Toulouse Métropole, la mairie de Toulouse et l’Établissement public du Capitole avait pour thème « le maintien en emploi et le travail constructeur de santé à la loupe du cancer » (cf. programme ci-dessous). Selon Frédéric Lacaze, chargé de mission handicap pour Toulouse Métropole et la mairie de Toulouse, « les principaux objectifs de cette journée étaient de sensibiliser le maximum de personnes (managers, directeurs de services, élus…) sur la nécessité d’accompagner le retour au travail de collaborateurs après un long arrêt maladie et de leur faire prendre conscience que le travail peut aussi être constructeur de santé ».
Éviter les arrêts maladie à répétition et la désinsertion professionnelle
Managers démunis, mauvaise connaissance des outils existants et des personnes ressources, idées reçues, maladresses, non-dits, mise en difficulté de l’équipe… : si l’agent ne bénéficie pas d’un bon accompagnement à son retour au travail, il repart souvent en arrêt maladie. Par ailleurs, l’employeur a l’obligation de veiller à la santé de ses salariés. D’où l’importance d’aborder la maladie et le travail autrement !
Le travail peut être constructeur de santé
La volonté des organisateurs était de faire bouger les lignes et de combattre notamment deux grandes idées reçues :
- Première idée reçue : « Croire qu’un collaborateur, parti en arrêt maladie longue durée, revient en pleine forme au travail, c’est un leurre ! La réalité est beaucoup plus complexe. Souvent, il y a des effets secondaires de la maladie et des traitements qui perdurent au-delà de l’arrêt et qui ont un impact sur sa capacité de production », précise Isabelle Arnaud-Roy. Les personnes ne sont pas les mêmes avant et après leur arrêt maladie.
- Seconde idée reçue : la maladie n’a pas sa place au travail. « Pourtant, continuer à travailler – quand cela demeure possible – devient essentiel pour certaines personnes malades. Cela les aide à faire face à la maladie et au diagnostic qui a ébranlé leur vie », ajoute Isabelle Arnaud-Roy. Le travail peut, en effet, être vecteur de santé. « Il faut changer de paradigme et ne plus seulement considérer le travail à l’aune des risques qu’il fait encourir aux salariés. Le travail permet à certains de mieux vivre leur maladie et de continuer à se sentir vivants et utiles », renchérit Frédéric Lacaze.
La suite logique du PSMT gagné en 2023
Cet événement s’inscrit dans la droite ligne du Prix santé et mieux-être au travail (PSMT) que Toulouse Métropole, la mairie de Toulouse et l’Établissement public du Capitole avaient gagné en 2023 dans la catégorie "Santé au travail et pratiques innovantes". Ces trois collectivités agissaient déjà, à l’époque, contre la désinsertion professionnelle des agents atteints d’une maladie chronique. Elles ont décidé d’utiliser le gain de ce prix pour l’organisation de cette journée dédiée au travail et au cancer.

Légende photo (de gauche à droite) : Françoise Descamps Crosnier, présidente du comité national des fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), Frédéric Lacaze, chargé de mission handicap au pôle santé qualité de vie au travail - DGRH de Toulouse Métropole, Isabelle Arnaud-Roy, directrice générale adjointe en charge des ressources de l'Établissement public du Capitole de Toulouse, Pascale Levet, déléguée générale du Nouvel Institut, Caroline Mauvignier, déléguée formation, recherche et innovation au FIPHFP, et Jack Bernon, consultant en santé, travail et dialogue social.
Un bilan positif
« Cette journée riche en échanges a défriché et donné envie de s'engager », souligne Pascale Levet, déléguée générale du Nouvel Institut, avec lequel la MNT s’associe pour travailler sur des projets innovants et qui a animé une partie des échanges le jour J. « Elle a mis en discussion des problématiques de terrain complexes, souvent mal définies, et permis d’envisager le travail comme une ressource dans un parcours de rétablissement. » Le retour des participants et le bilan de l’événement sont positifs. La master class, très appréciée, sera peut-être intégrée dans le parcours de formation des managers des collectivités, c’est en discussion. Les organisateurs espèrent surtout que cet événement incitera d’autres collectivités à s’emparer du sujet !
« La MNT a été notre partenaire depuis le début. Co-conception, prise en charge financière, appui logistique, portage de réseau… : nos interlocuteurs nous ont aidés à concevoir et à construire cet événement de A à Z. Nous étions sur la même longueur d’onde. Le 4 février, ils ont été présents toute la journée et ont pris la parole, notamment pour présenter le dispositif d’activité physique adaptée qu’ils proposent. »
Un format d’événement original
Cette journée dédiée au travail et au cancer a eu lieu le 4 février 2025, dans les locaux de Toulouse Métropole. Elle proposait trois temps forts :
- Une master class sur le travail constructeur de santé à la loupe du cancer destinée à une trentaine de managers de proximité de la métropole, de la ville ou du Capitole et animée par le Nouvel Institut, en présence de 10 auditeurs invités dont des représentants de la MNT, de Thalie Santé et du FIPHP. Les managers ont pris connaissance (en sous-groupes de 8) de récits d’expérience d’agents sur leur travail avec ou après un cancer, puis discuté et coconstruit des pistes de solutions : comment auraient-ils fait face à la situation ? Comment auraient-ils réagi ? Ce qui aurait pu les aider ?...
- Une rencontre du monde de la culture au défi du travail constructeur de santé, à la loupe du cancer, destinée à une vingtaine de décideurs, responsables, représentants politiques ou syndicaux du monde de la culture et animée de façon participative par le Nouvel Institut. Au programme : partage de deux expérimentations en cours à l’Opéra national du Capitole (accompagnement pluridisciplinaire de retour à l’emploi d’agents touchés par une maladie longue et temps partiel thérapeutique d’artistes mené au sein de services administratifs) ; regards croisés.
- Une soirée rencontre-débat dédiée au travail et au cancer : "le défi du travail constructeur de santé à la loupe du cancer dans les collectivités territoriales ou quand le prolongement de l’arrêt maladie n’est pas la solution". Soirée destinée à des responsables et des agents de collectivités territoriales, des élus, des associations de malades, des entreprises évoluant dans l’écosystème des collectivités (environ 60 participants). Partage de récits d’expériences d’agents sur leur travail avec ou après un cancer. Que faut-il changer dans les règles du jeu, dans les pratiques de management et dans les dispositifs d’appui pour pouvoir concilier travail et cancer ? Proposition d’un programme d’innovation ouverte par le Nouvel Institut.
La MNT, première mutuelle des agents des services publics locaux, s’engage au quotidien pour accompagner les collectivités dans leur démarche de prévention. Car la santé et le bien-être au travail des agents est le gage d’un service public de qualité !
© DR, Toulouse Métropole
Article publié le 24/03/2025
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