Santé mentale des dirigeants territoriaux : comprendre l’alerte et agir concrètement
Surchargés, isolés, sous tension permanente : les cadres territoriaux, en particulier les DGS et DGA, vivent une intensité de travail rarement évoquée publiquement. Pourtant, le baromètre RH Randstad-WEKA 2024 révèle que 93 % d’entre eux estiment leur charge mentale élevée ou très élevée, un chiffre en hausse de six points en un an. Face à cette urgence silencieuse, WEKA a organisé, en partenariat avec la MNT le 14 octobre dernier, une webconférence, animée par Séverine Bellina du Réseau Service Public, pour décrypter les causes et proposer des solutions.
Un sujet encore tabou
Florence Baco-Ambrass, vice-présidente du SNDGCT, a ouvert le webinaire en rappelant que la santé mentale, selon l’OMS, est « un état de bien-être permettant de réaliser son potentiel, de faire face au stress normal de la vie, de travailler de manière productive et de contribuer à sa communauté ». Or, les DGS et cadres dirigeants vivent de plus en plus une désaffiliation : décalage avec les valeurs du service public, perte de sens, frustration chronique.
Selon Jérôme Grolleau, sociologue consultant, la charge mentale ne se limite pas au volume de travail. Elle résulte de trois facteurs cumulés :
- Des injonctions contradictoires (répondre à l’urgence tout en assurant le long terme),
- Un manque de reconnaissance du politique, de la hiérarchie et du public,
- Une absence de sas de décompression et de parole libre.
Il a parlé d’un modèle sacrificiel, où le dirigeant « tient » par loyauté mais s’épuise à petit feu.
Les collectivités : des terrains à risque ?
Les collectivités sont confrontées à des mutations multiples (réforme de la PSC, crises sociales et environnementales, injonctions politiques). La gouvernance locale multiplie les paradoxes : le dirigeant est attendu comme un expert, un manager, un diplomate… sans filet ; la proximité avec les élus rend floues les limites hiérarchiques et émotionnelles ; la culture du résultat et de la performance s’impose sans adaptation au contexte public.
Des pistes d’action concrètes
Les intervenants ont convergé sur plusieurs leviers prioritaires, dans l'optique de réconcilier éthique du soin et éthique de la responsabilité publique :
- Ouvrir des espaces de parole : groupes de pairs, supervision, tiers lieux de discussion,
- Mettre en place un droit à la déconnexion réellement soutenu par la hiérarchie,
- Former les élus à leur rôle d’employeurs, en valorisant le dialogue social,
- Développer une culture managériale plus humaine, centrée sur la coopération, l’écoute, le respect du rythme.
En organisant ce webinaire, la MNT a réaffirmé son rôle de mutuelle partenaire des collectivités. Parce que la santé mentale des dirigeants est aussi celle de toute l’organisation, agir est devenu une nécessité collective.
Faits saillants à retenir
- 93 % des cadres territoriaux évaluent leur charge mentale comme élevée ou très élevée (baromètre RH Randstad-WEKA 2024).
- Les causes sont organisationnelles, relationnelles et culturelles.
- La parole doit être libérée et encadrée, pour sortir du tabou.
- Des leviers existent : formation des élus, espaces d’échange, reconnaissance du travail invisible.
- La MNT accompagne les décideurs pour faire de la santé mentale un levier de transformation.
Santé mentale : le replay
Visionnez le replay de la webconférence Weka MNT sur la santé mentale des dirigeants territoriaux, du 14 octobre 2025.

Copyright : Weka
Article publié le 28/10/2025