DGS, un métier surexposé mais valorisant

Souvent comparé à un chef d’orchestre chargé de veiller à l’harmonie et à l’efficacité de l’action publique locale, le directeur général des services (DGS) de collectivité a vu son rôle se transformer en profondeur au cours des dernières années. Le sociologue Jérôme Grolleau, auteur d’une étude récemment publiée par l’Observatoire MNT, Directeur général des services : DGS, que deviens-tu ?(1), n’hésite pas à qualifier le DGS d’aujourd’hui de véritable « compositeur » qui intervient de plus en plus aux côtés des élus pour adapter la partition de l’organisation territoriale à un environnement marqué par d’incessants bouleversements.

Un contexte qui rend indéniablement plus complexe et plus éprouvant l’exercice du métier de DGS. Pas simple, en effet, de conserver le bon tempo des politiques publiques et d’éviter les fausses notes lorsque le monde territorial et la société tout entière évoluent à grande vitesse. D’autant que le responsable opérationnel de l’action territoriale constitue le « réceptacle des plaintes et des frustrations ».

DGS : un quotidien saturé

L’étude conduite par Jérôme Grolleau détaille tous les bouleversements structurels et sociétaux auxquels doit faire face le DGS. Aux modifications du cadre institutionnel, aux fréquents remodelages du système territorial, aux contraintes budgétaires toujours plus fortes, s’ajoutent désormais l’émergence de nouveaux modes de vie des usagers et l’impact durable des crises successives (terrorisme, Gilets jaunes, Covid-19…) sur le rapport des agents à leur travail. Ces nouvelles dynamiques imprégnant la sphère territoriale influent à la fois sur les pratiques managériales des DGS, sur leurs rapports avec les élus, mais aussi sur leur santé.

« Les changements incessants ont généré une suractivité saturant leur quotidien. La charge mentale, liée aux sollicitations numériques multiples, aux enjeux, aux questionnements que suscite une société plus opaque, est massive, leur exposition est donc grandissante. Les DGS puisent dans leurs ressources psychiques, physiques et relationnelles. La gestion de la crise de la Covid-19 fut sur ce point un summum », souligne notamment l’étude de l’Observatoire MNT. À la lumière des entretiens conduits avec les DGS, Jérôme Grolleau montre, par ailleurs, que ceux qui pilotent les services des collectivités doivent faire preuve d’une vigilance extrême qui n’autorise pas le moindre relâchement. « L’épuisement comme la faute fatale les guettent. Le burn-out, la déstabilisation de la vie personnelle et la décharge de fonction constituent des risques majeurs », affirme le sociologue.

Des leviers pour résister à la pression

Cependant, cette étude démontre aussi que « ce corps professionnel n’est pas en souffrance ». Les associations professionnelle et syndicale apparaissant comme un « espace salutaire d’échange et de soutien entre pairs ». En outre, l’assise statutaire, la motivation et l’attachement du DGS à sa mission d’intérêt général constituent des leviers essentiels qui lui permettent de résister à la pression, voire au découragement.

Reste que la nouvelle donne de l’action territoriale implique que les collectivités se mobilisent davantage pour soutenir les DGS. Pour Jérôme Grolleau, quatre pistes de travail sont à explorer en priorité :

  • l’accompagnement du DGS par un coach,
  • la mise en place de dispositifs d’évaluation de son action,
  • la consolidation de la dimension collective de la direction générale
  • et le renforcement de l’assise institutionnelle encadrant la responsabilité du DGS, notamment dans le domaine du risque pénal.

(1) Fondée sur 41 entretiens dont 36 de DGS (communes, EPCI, conseil départemental) et de nombreux échanges avec des représentants du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT), d’associations professionnelles et d’un élu local, cette étude de la collection « Métiers territoriaux et santé au travail » a été conduite en deux vagues. L’une d’octobre 2019 à janvier 2020, la seconde de mai à juillet 2020, ce qui a permis d’y intégrer les leçons tirées de la crise de la Covid-19.

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Article publié le 28/10/2021

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