Véritable plongée au cœur des collectivités confrontées à une crise sanitaire sans précédent, la 26e étude de l’Observatoire MNT, « Repenser la santé au travail et les organisations à l’aune de la Covid-19 », analyse les changements structurels opérés par les organisations territoriales pour mieux prendre en compte la santé des agents. Réalisé en partenariat avec l’Institut national des études territoriales (Inet) et l’Association des administrateurs territoriaux de France (AATF), ce document publié en juillet dernier repose sur les témoignages de 45 acteurs publics (agents, managers et décideurs locaux) représentant 34 structures territoriales de métropole et d’outre-mer.
Une expertise sur laquelle se fonde l’Observatoire MNT pour définir de grandes orientations pour les collectivités soucieuses de se doter d’une politique de santé au travail ambitieuse, efficace et durable. Les principaux axes de réflexion proposés par les signataires de l’étude visent à la fois à placer la santé au cœur de la politique des ressources humaines et à en faire un élément à part entière des relations managériales au sein des entités territoriales. Ce double objectif est décliné à travers une palette de recommandations opérationnelles que les collectivités sont invitées à appliquer sans attendre la fin des turbulences liées à la pandémie de la Covid-19.
La santé au travail, pivot des politiques RH
Plusieurs de ces pistes s’adressent directement aux responsables de la politique RH. Ces derniers sont notamment invités à « impliquer les agents dans les démarches d’amélioration de la qualité de vie au travail » ou à les « accompagner dans une utilisation adaptée, inclusive et protectrice des nouveaux outils digitaux ». D’autres priorités définies par les signataires de l’étude de l’Observatoire MNT concernent plus particulièrement la formation des managers. Les collectivités sont appelées à mettre en place des formations spécifiques pour aider les encadrants à prendre en compte les enjeux de la santé et de la qualité de vie au travail, ou encore pour leur permettre d’appréhender de nouveaux modes de management, notamment le management à distance.
En termes de dialogue social, l’étude invite à relier l’égalité professionnelle avec la prévention et la qualité de vie au travail dans le cadre du futur comité social territorial (CST), nouvelle instance unique issue de la fusion des comités techniques (CT) et des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). À noter que les élus doivent également être davantage sensibilisés aux enjeux de la santé des agents, tout comme les organisations syndicales, ce qui arrivera nécessairement avec la réforme de la protection sociale complémentaire.
Repenser le travail des agents à l’aune de la santé
Une autre série de recommandations opérationnelles vise davantage à redéfinir le contenu du travail des agents. Il s’agit en particulier de « redonner du sens aux collectifs de travail » ou encore de « penser et formaliser l’organisation des services en mode hybride », en privilégiant l’autonomie des agents et la souplesse des modes de fonctionnement fondés sur un mix télétravail/présentiel.
La gestion de la crise sanitaire a également mis en lumière l’importance de la médecine du travail dans les dispositifs RH des collectivités. Sur ce point, les auteurs de l’étude invitent les décideurs locaux à engager une réflexion sur les modalités d’organisation de la médecine du travail au sein des organisations. Il s’agit particulièrement de « renforcer l’attractivité de la fonction publique territoriale pour les médecins du travail » et de « structurer le dialogue entre médecine du travail, direction des ressources humaines, managers et agents ». Dans le même temps, il est conseillé aux collectivités de favoriser le recours à la télémédecine.
Par ailleurs, l’étude 26 de l’Observatoire MNT tire les leçons des pathologies apparues chez de nombreux agents pendant la crise sanitaire. Ainsi, les collectivités sont encouragées à développer les plans de prévention des risques psychosociaux (RPS), et plus globalement à « agir en faveur de la préservation de la santé psychique des agents ». Elles doivent, en outre, veiller au possible développement de pathologies nouvelles liées à la Covid-19. Enfin, les entités territoriales sont incitées à miser davantage sur la prévention et à capitaliser sur la communication de crise, en particulier en mettant en place de nouveaux canaux d’information interne.
En savoir plus :
- L'étude dans son intégralité
- La synthèse de cette étude
- Voir ou revoir le webinaire présentant cette étude, organisé par l'Observatoire MNT dans le cadre de la semaine digitale de Preventica.
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Article publié le 23/09/2021