Pour une fonction publique heureuse, cap sur la santé mentale

Notre bien-être psychologique n’est pas seulement une question d’ordre privé. De notre santé mentale individuelle dépend en effet notre capacité à mobiliser nos ressources en situation professionnelle et à nous montrer productifs et performants. Créer les conditions du bien-être et du ressourcement sur le lieu de travail, soutenir les agents territoriaux en difficulté ou en souffrance psychologique : ces objectifs mobilisent un nombre croissant de collectivités. L’étude Pour une fonction publique heureuse de la Fabrique Spinoza se fait l’écho de plusieurs initiatives novatrices dans le champ de la qualité de vie au travail (QVT).

Développer l’espace psychologique pour cultiver le bonheur

Selon la psychologue américaine Sonja Lyubomirsky, lorsqu’un être humain voit ses besoins fondamentaux satisfaits (boire, manger, avoir un toit sur la tête et vivre en sécurité), les circonstances extérieures (prospérité, beauté, environnement affectif, cadre de vie…) ne pèsent qu’à hauteur de 10 % dans ses sensations de bonheur. La génétique entre pour environ 50 % dans les déterminants du bonheur. Il reste 40 % de facteurs de bien-être psychologique sur lesquels il est possible d’agir. Par exemple en adoptant des happy habits, ou activités intentionnelles centrées sur la gratitude, l’optimisme, l’altruisme, la méditation… « Or la mission de service public orientée vers la satisfaction des usagers peut facilement témoigner d’un encombrement mental et manquer d’espace psychologique », analyse La Fabrique Spinoza qui note que « certains métiers sont par ailleurs plus facilement en contact avec la violence à l’instar des enseignants, officiers et agents de police, conducteurs de bus… »

L’initiation à la pratique de la méditation de pleine conscience est l’une des voies explorées dans la fonction publique territoriale pour permettre aux agents de nourrir leur espace intérieur et leur sensation de bien-être. La communauté d’agglomération de Pau (64) propose ainsi de telles séances à ses agents comme préparation à des ateliers de travail collaboratif, mais aussi en réponse à des situations de stress intense ou de tension au sein des équipes. Les bienfaits de la pratique ont révélé leur plein potentiel durant les périodes de confinement, où des séances à distance sont organisées en live et en replay.

Aménager des salles de repos et de sieste est une autre piste à explorer selon La Fabrique Spinoza. Le centre communal d’action sociale de Poitiers (lauréat des Prix santé et mieux-être au travail (PSMT) de la FPT en 2019) s’est ainsi fortement investi en faveur du mieux-être au travail de ses agents. Son programme global baptisé « L’effet papillon » comporte ainsi l’aménagement d’espaces de pause et des formations à la méditation de pleine conscience.

Apporter un soutien psychologique aux agents en souffrance

Pression, conflit interpersonnel, harcèlement, agressivité au contact du public, intensification des tâches, ressources en baisse face à des exigences de résultat toujours plus fortes : le travail dans la fonction publique territoriale peut être source de souffrance psychologique. Mobilisée sur cette question, la MNT met à disposition de ses adhérents une plateforme d'information et conseil santé et social. Dans le cadre du dispositif d’accompagnement MNT Psy, cette hotline leur permet de joindre des psychologues du travail pour une écoute et un soutien psychologique personnalisé.

Dans le même esprit, la MNT a mis en test un nouvel outil pour prendre soin des agents en période difficile lors d’un traitement d’un cancer. Les ateliers de remobilisation cognitive positive que la mutuelle expérimente auprès de cadres dirigeants de collectivité(1) s’appuient sur les recherches de l’institut de cancérologie Bergonié de Bordeaux, qui montrent que 15 à 50 % des personnes ayant subi un cancer se plaignent de troubles cognitifs : altération des capacités d’attention, de concentration, de mémorisation… De quoi éviter que la reprise du travail ne soit vécue comme une épreuve. Autre champ d’action possible : la prévention des conduites addictives, présentes dans la fonction publique territoriale comme dans la population générale. La MNT a développé pour les collectivités en tant qu’employeur un jeu de mise en situation (ou serious game), baptisé Territorial City, pour former leurs agents aux risques liés à la consommation de substances psychoactives.

(1) L’expérience montre qu’ils sont particulièrement pressés de reprendre leur travail ou de maintenir une activité normale lorsqu’ils sont confrontés à un cancer.

À savoir

Les neuf vecteurs du bonheur au travail

Pour créer les conditions d'épanouissement offrant aux agents territoriaux une meilleure qualité de vie au travail, la Fabrique Spinoza relève la possibilité pour les employeurs publics d'actionner neufs différents leviers de bonheur au travail :

  • Donner davantage de sens au travail des agents,
  • Co-construire le projet collectif,
  • Aménager des espaces de travail sains et sécurisés,
  • Repenser l’organisation du travail et le management,
  • Offrir aux agents des perspectives de développement,
  • Œuvrer pour un usage raisonné des outils digitaux,
  • Alléger le cadre statutaire,
  • Encourager des liens humains positifs,
  • Prendre soin de la santé globale des agents.

Légende photo : Nominé au PSMT 2019, le centre communal d’action sociale (CCAS) de Poitiers (86) s’est fortement investi depuis plusieurs années dans des actions de santé et de mieux-être au travail en créant un label interne,"l’effet papillon… une impulsion pour aller mieux". © Tchavolo productions_Alexandre de Cadoudal.

Article publié le 17/12/2020