Au Club RH de Marseille, la mobilité interne dessine de nouveaux horizons professionnels

« Choisie, subie, anticipée : quand la mobilité interne dessine de nouveaux horizons » : le thème du Club RH de La Gazette, organisé le 25 novembre en partenariat avec la ville de Marseille, a servi de fil rouge à une matinée dense, rythmée par des retours d’expériences de collectivités et des éclairages d’experts. A Marseille, comme l’a expliqué Matthieu Cordier, le directeur des ressources humaines, la mobilité interne est devenue « un enjeu d’attractivité et de fidélisation », avec un travail de fond mené sur « la visibilité de l’offre », « la valorisation des potentiels » et la création d’écoles internes de formation.

Impacts psychiques

Lors de la table ronde introductive, « Vivre la mobilité, c'est la comprendre », Jérôme Grolleau, sociologue, a expliqué que toute mobilité est une « rupture dans une trajectoire professionnelle » et un « saut dans l’inconnu » avec des impacts psychiques importants. Le fait, pour la collectivité, de garder le lien évitera à l’agent en arrêt de « sombrer ». Pour ne pas en arriver au reclassement - un terme qu’il suggère de remplacer par « reconversion » -, Jérôme Grolleau préconise de sensibiliser dès le recrutement les agents embauchés sur des métiers exposés, et de mettre en place pour eux un suivi médical spécifique et des entretiens de carrière.

Accompagnement individualisé

Christine Alejandro, conseillère mobilité et parcours professionnels de la Police Nationale à Marseille, a raconté son parcours, jalonné de mobilités « subies ». « À chaque fois, on me disait : ce nouveau poste est pour vous », nécessitant une nouvelle phase de réadaptation. Émilie Leta, l’une des sept conseillères mobilité-recrutement-carrière de la ville de Marseille a expliqué comment elle « aide les agents à se reconnecter professionnellement et à être acteurs de leur parcours », grâce à un accompagnement individualisé s’appuyant sur leurs compétences et leurs potentiels.

Coaching collectif

Le récit de Petra Bergmanova, instructrice de gestion à la direction d’appui fonctionnel (DAF) de Marseille, illustre les effets bénéfiques d’une Période de préparation au reclassement (PPR). Déclarée inapte à son poste d’auxiliaire de puériculture, après un accident de la circulation, elle a pu révéler toutes ses compétences grâce à une immersion au Lab d’Innovation. À Marseille, l’accompagnement des agents en PPR est désormais renforcé par un coaching collectif. Cette « promo » d’agents montre que « le groupe est un espace sécurisant qui ouvre des perspectives », observe Sabiha Aberkane, coach interne.

Les participants ont ensuite été divisés en trois groupes pour visiter trois salles thématiques illustrant les différents types de mobilités.

Mobilité choisie

Dans la salle "Mobilité choisie", Emmanuelle Licitri, DGA de la communauté d’agglomération Luberon Monts de Vaucluse, a présenté deux dispositifs d’accompagnement, dont un mutualisé avec d’autres collectivités, destinés aux agents en « pré-usure professionnelle », pour les préparer à un nouveau métier. Pour la ville de Marseille, Luc Glinche, responsable marque employeur et Mélanie Champain, conseillère mobilité-recrutement-carrière, ont fait un retour sur le Forum de la mobilité. Récemment organisé dans leurs locaux, sous formes de stands et d’ateliers, il visait à informer les agents et à leur « redonner espoir ».

Mobilité subie

Dans la salle "Mobilité subie", Magali Dominé, responsable du service formation et conseillère en évolution professionnelle, et Ludivine Viotto, responsable du service santé prévention, conseillère en prévention des risques professionnels et référente handicap de la ville de Sète et de Sète Agglopôle Méditerranée, ont présenté le "Parcours mobilité santé", sorte de PPR anticipée, qui évite d’en arriver au reclassement. À Marseille, le "Parcours de transition professionnelle" constitue une autre réponse. Il consiste en trois mois de formation et de stages, suivis de six mois d’immersion, pour des "classes" de 30 agents, comme l’ont décrit Cindy Chapdelaine, chargée de mission "Transformer nos pratiques", et Charlotte Massonnet, responsable de service mission mobilités. A Vitrolles, la PPR prend la forme de deux immersions tutorées de six mois et d’un parcours de formation obligatoire. « Les agents ont un journal de bord à remplir », précise Nathalie Kalfoun, responsable du pôle recrutement et développement des compétences. De quoi les aider à s’impliquer et à suivre leur évolution.

Mobilité anticipée

Dans la salle "Mobilité anticipée", l’équipe de l’antenne CNFPT des Bouches-du-Rhône a soumis aux participants le cas d’un agent des espaces verts de 20 ans s’interrogeant sur son avenir. Que peut-on lui proposer pour anticiper la suite de sa carrière ? Parmi les pistes évoquées : des entretiens de carrière réguliers et des bilans de parcours professionnel. Christine Alejandro est revenue sur les missions du bureau de l’évolution professionnelle et de l'accompagnement managérial de la Police Nationale. Il en existe 29 en France, tous chargés « d’informer et d’orienter les policiers » sur les moyens à leur disposition pour rebondir professionnellement.

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Article publié le 26/11/2025